04 décembre. 10h00.

Papa est venu ce matin exceptionnellement. Nous venons vous voir mes petites louloutes, avec un joli biberon de 70ml! Et oui, j'ai eu mon ma montée de lait... je suis ravie, vous allez enfin pouvoir être un peu + nourrie avec mon lait. Il est plus digeste alors avec un peu de chance le pédiatre voudra bien augmenter les quantités...

J'ai tiré toutes les 3heures cette nuit, 1er biberon de 45ml, deuxième de 50ml et troisième de 70... je suis si heureuse! J'ai maintenant suffisamment pour couvrir vos rations journalières... Papa est heureux aussi, il partage mon enthousiasme.

La matinée se passe dans une infinie tendresse, entre câlins et soins. Lors d'un peau à peau papa a fait un croquis, j'aime tant ça... il n'est pas satisfait du résultat comme d'habitude, pourtant moi je trouve ça tellement chouette! Je profite de ces instants comme jamais car je sais qu'ils sont précieux...

Vous avez déjà quatre jours les louloutes. 1Kilos 780 pour toi S et 1kilos 860 pour toi L Vos couveuses sont respectivement à 31°C et 30,5°C. On progresse mes crevettes...

La quantité de lait n'a pas été augmenté, toujours 20ml, mais cette fois-ci vous recevez 15ml par gavage et 5ml par tétine. C'est super, petit à petit on s'éloigne du gavage, j'ai tellement hâte qu'on vous retire cette vilaine sonde qui cache le bas de votre visage.

Vous n'avez plus de dextro pour surveiller votre taux de sucre dans le sang, chouette, une misère en moins pour vous mes crevettes. Les bonnes nouvelles s'enchainent les une après les autres, et je suis tellement fière de vous...

J'ai hâte de vous voir en berceau, sans sonde, ce sera tellement une grande étape. Il faut que je sois patiente, que je vous laisse le temps de grandir, de mûrir, mais j'ai confiance en vous, je sais que vous êtes des petites championnes alors je ne m'inquiète pas: je vous attends mes merveilles.

Papa prend de l'assurance avec vous, il vous touche, vous porte, vous parle... il raconte tout un tas de choses et est en extase devant vous, il vous inonde de « ma chérie »... il est d'une tendresse infinie, tellement délicat avec vous. Il a peur de vous casser, tout ses gestes sont d'une douceur extrême. Souvent vous ouvrez vos petits yeux lorsqu'il vous parle, vous êtes fantastique. Tout est magique... je suis aux pays des merveilles, je nage en plein bonheur.

La vie est si belle, quelle belle victoire nous avons eu: vous êtes au-delà de nos attentes, au-delà de nos rêves. On ne réalise toujours pas: vous êtes nos filles, nos toutes petites filles...

Nous sommes quatre. Simplement quatre...Fantastique.

Vous avez déjà quatre jours, je n'en reviens pas. Les journées passent vite, vous êtes de plus en plus belles, et de plus en plus différentes. Vous ne vous ressemblerez pas de trop mes poupées. Je pense que tu seras une petite blondinette S, et que tu as prit un peu plus de moi que de papa sans que tu me ressembles réellement. Quant à toi L, je pense que tu seras un peu plus foncée de cheveux que ta sœur, et que tu ressembleras beaucoup à papa, je retrouve beaucoup de lui chez toi sans savoir décrire quoi exactement.

Vous êtes toutes les deux magnifiques, vraiment.

A demain mes choupinettes,

j'ai déjà hâte de vous revoir.

 

03 décembre. 00h15.

Je viens de finir de tirer mon lait: 10ml! Je suis aux anges... enfin je peux quantifier car je tire suffisamment. J'espère qu'il sera réparti de façon égale entre vous deux. Je demanderai demain matin.

Je viens vous voir vers 6h30. Là, il est temps pour moi de dormir un peu. A demain mes merveilles.

09h30.

J'arrive dans votre chambre, toujours un petit pic au cœur de vous voir dans vos couveuses même si vous dormez paisiblement.

Je demande à vous mettre en peau à peau, pour la première fois l'auxiliaire refuse sans réelles explications. Je n'ose pas insister mais je suis contrariée... j'aime tant ça! Je ne comprends pas ce refus, ça me rend triste... ça me rappel que je ne suis pas maître de mes désirs de mère, et je sens mon rôle s'échapper, je vous sens m'échapper. Je suis triste... vraiment triste. Je vous regarde à travers la couveuse, et les larmes coulent parce que j'aimerai vous serrer contre moi, j'aimerai être une maman comme une autre, libre d'embrasser ses enfants, de les caresser, de les toucher. Et là, pour la première fois, on m'interdit ce contact.

Ma petite L tu te mets à pleurer, toi qui pleure si rarement, mon cœur de maman se sert... je cherche ta tétine, je ne la trouve pas. Je vais avertir l'auxiliaire qui me répond que je dois la chercher, je cherche encore, et encore, pendant que tu pleures dans ta couveuse. Je panique, je suis en sanglots, je ne peux pas te serrer contre moi pour te calmer et personne ne vient m'aider pour trouver ta tétine. Je suis dépassée... submergé par l'émotion.

Finalement je trouverai ta tétine dans un coin de ta couveuse, tu te calmes aussitôt. Tu cherches quand même à téter alors je demande, toujours à cette unique auxiliaire de garde, si je peux te mettre au sein. Refus, encore une fois. S'en est trop, je vous tourne le dos et je pleure... je ne peux pas me contenir. Vous m'échappez, je me sens frustrée, mise à l'écart. Je n'ai pas la sensation d'être autorisé à m'occuper de vous. Je sens pourtant ma jolie L que tu as besoin de ce peau à peau, de cette mise au sein. C'est dur, trop dur...

Il me faudra attendre 11h30 pour enfin avoir l'accord de te prendre contre moi. Je suis soulagée, on reste blottie l'une contre l'autre pendant une heure. Avec tout ce chamboulement, ma petite S, je ne me suis pas beaucoup occupée de toi. Je culpabilise, je m'en veux... je suis dépassée..

Je redescend pour manger, le moral à zéro. Matinée atrocement difficile, je pleure encore et encore, c'est trop dur... Et voilà que dehors la pluie commence à tomber. Le ciel est aussi triste que moi mes poupées...

Je vous aime tellement.

 

15h30.

On arrive avec papa. C'est l'heure, pour moi, de tirer mon lait.

Papa vous dit bonjour et s'empare aussitôt de l'appareil photo. Comme chaque jour il vous bombarde de photos et de film, il est en admiration. Il faut dire que vous faites vos stars dans vos couveuses: pattes en l'air, bras en flexion, mains grandes ouvertes... on ne peut que succomber!

Je m'installe pour tirer mon lait, je tire un peu plus chaque fois en quantité. C'est génial, je suis contente.

Ma jolie S tu as eu plus de difficulté à digérer les 20ml de lait que ta sœur, du coup la puéricultrice voudrait que je te donne un maximum mon lait car il est plus digeste. Je vais faire tout mon possible pour t'aider ma chipie. A côté de cela, L, tu es mise au sein pour favoriser ta succion. Tu accèdes sans doutes à quelques gouttes de mon colostrum de cette façon ce qui est formidable. Tu digères très bien les 20ml de lait préma qu'on te donne, c'est une bonne nouvelle.

Vous pesez toutes les deux 1kilos820 aujourd'hui. Vous vous êtes passées le mot les coquines.

C'est papa qui te donne mon lait à la tétine ma petite S. Il est si beau avec ton petit corps dans ses bras. Tu as pris mes quelques gouttes sans difficulté même s'il a fallut que papa te chatouille un peu la bouche pour te faire comprendre ce qu'il voulait faire. Je le prends en photo. Vous êtes beaux tout les deux, vraiment très beaux.

Papa a également pu te changer, L, il s'est débrouillé comme un chef et j'ai tout filmé. Il a été adroit et vraiment habile de ses mains. Tu n'as rien dit, tu as été très sympa avec lui. C'était le premier change de papa, une belle étape. Je suis contente, lui aussi je crois bien. Il est gaga de vous mes puces, il vous raconte tout un tas de choses et commente tout vos faits et gestes. Il est mignon, j'aime l'écouter et le voir s'agiter autour de vous. On vous aime si fort mes poupettes.

Papa te gardera dans les bras jusqu'à 19h30 S, et moi je garderai L en peau à peau jusqu'à la même heure. On vous remet en couveuse, il est l'heure que j'aille manger et que papa rentre se reposer un peu à la maison.

Je prends le tire-lait avec moi en chambre, je dois tirer à nouveau dans 3heures. Et ce lait vous sera une nouvelle fois donné.

2 décembre. 3H30

Réveil en pleine nuit. Je ne parviens pas à me rendormir alors je décide de venir vous voir et de tirer mon lait.

Arrivée là-haut je vous dis « coucou » vous dormez paisiblement. Une infirmière vient me guider pour appréhender le nouveau tire-lait que j'ai loué. J'ai un peu d'avoir mal, car avec le précédent c'était vraiment difficile.

Finalement le tire-lait s'adapte très bien à la forme de ma poitrine, et je tire donc 10minutes sur chaque sein. Incroyable, enfin du colostrum sort... pas grand chose mais suffisamment pour m'encourager.

Après 20 minutes de stimulation, on passe mon lait dans une seringue. C'est toi, ma petite S, qui aura cette première ration car tu es la plus petite en poids. Tu l'acceptes sans problème, je suis fière d'enfin nourrir l'une de vous.

Promis, je recommence dans 3heures pour toi ma jolie L.

Je retourne dans ma chambre de maternité sereine, fière et enthousiaste. Je me rendors, paisible et le cœur léger.

 s

9h30

Me revoilà. Prête a tirer mon lait, motivée par la dernière expérience.

Le pédiatre est là, il m'annonce qu'on vous enlève votre perfusion. Je suis euphorique, enfin mes puces vous voilà libérées de ce calvaire qui vous faisait tant d'œdèmes! Il me dit aussi que vous digérez très bien l'alimentation du coup on augmente la dose à 20ml trois fois par jour. C'est formidable. Quant aux dextros, vous n'en avez plus que 2 fois par jour... je suis envahie sous les bonnes nouvelles. Cette journée commence merveilleusement bien.

Le pédiatre s'amuse face à vos pauses, vous avez les doigts de pieds en éventails, complètement relaxées. Vous êtes si sereines ce matin... Le médecin me dit que vous ne demandez pas grand chose sous entendu « la vie est belle », peace and love mes merveilles!!!!

Je suis si fière... si soulagée. Seulement deux jours de vies et déjà tant d'amélioration. Vous vous portez comme des petites princesse, je suis apaisée. J'ai confiance en vous mes crevettes, vous allez bien grossir, bien vous réchauffer pour qu'on puisse sortir le 10 décembre tous ensemble.

Je m'installe pour tirer mon lait, le sourire aux lèvres. L tu cherches le sein, alors la puéricultrice décide de te mettre directement contre moi pour te faire téter, et ce dès que j'aurai fini de tirer mon lait. Du coup, le lait tiré ira une nouvelle fois à S.

Je tire quelques gouttes à peine, mais c'est déjà très bien.

Toi, ma jolie L, tu viens te blottir contre mon torse. Tu es toute chaude, si jolie et si douce... je t'accueille avec tout mon amour et toute ma tendresse, et je te dirige vers mon sein gauche. Tu le gobe dans la seconde, et tu tètes merveilleusement bien. Tu prends donc mon colostrum directement à la source, pendant qu'on donne les quelques gouttes tirées à ta sœur avec une seringue.

La tétée s'éternisera en long peau à peau, tu dors la bouche grande ouverte, tu me fais rire. Je trouve que tu ressembles un peu à ton papa, la forme du visage peut-être, je ne sais pas trop... mais tu es magnifique.

Je te laisse dormir contre moi, je somnole aussi. C'est magique.

J'ai hâte que papa arrive pour lui annoncer toute les bonnes nouvelles. Je suis heureuse, tellement heureuse. Dehors il y a un magnifique soleil, ses rayons viennent chatouiller ton petit visage ma L, tu grimaces. Ton premier rayon de soleil ma jolie.